Guillaume Cassabois, lauréat du Grand Prix Jean Ricard 2025 de la SFP
La Société Française de Physique a le plaisir d’attribuer le Grand Prix Jean Ricard 2025 à Guillaume Cassabois, professeur à l’Université de Montpellier et membre senior de l’Institut Universitaire de France, pour l’ensemble de ses contributions à la photonique des semiconducteurs.
Après une thèse à l’École Normale Supérieure et un séjour postdoctoral à l’Institut Max Born de Berlin, il s’impose dès les années 2000 comme une figure incontournable de la physique des boîtes quantiques semiconductrices. Ses travaux ont profondément renouvelé la compréhension du concept d’« atome artificiel », en introduisant une description fine de la décohérence excitonique et de ses origines microscopiques.
En rejoignant l’Université de Montpellier et le Laboratoire Charles Coulomb en 2010, Guillaume Cassabois ouvre un nouveau chapitre de sa carrière. Il s’attaque alors aux propriétés d’un matériau semiconducteur longtemps resté mystérieux : le nitrure de bore (BN).
En réalisant une véritable prouesse expérimentale – la spectroscopie à deux photons dans l’ultraviolet (UV) profond – il démontre sans ambiguïté le caractère indirect du gap de BN, résolvant une controverse qui divisait la communauté depuis des décennies. Ce travail fondateur a marqué la naissance d’un nouveau champ, aujourd’hui en plein essor : la photonique à base de nitrure de bore.
Depuis, il a produit une série impressionnante de résultats sur les excitons, les défauts ponctuels émetteurs de photons uniques, les effets isotopiques et les différentes phases cristallines dans le BN bidimensionnel, plaçant son équipe au centre d’une communauté internationale en pleine expansion.
Parallèlement, Guillaume Cassabois a exploré un autre territoire prometteur : celui des centres colorés dans le silicium. En s’inspirant des centres NV du diamant, il a découvert dans ce matériau universel de la microélectronique des défauts optiquement actifs capables d’émettre des photons uniques à la demande à des longueurs d’onde télécom. Ces avancées ouvrent la voie à l’intégration d’émetteurs quantiques dans des puces silicium, un enjeu majeur pour les technologies quantiques.
Par ses travaux originaux sur les nanostructures semiconductrices, le nitrure de bore et les défauts du silicium, Guillaume Cassabois est un chercheur reconnu internationalement, sollicité pour de très nombreuses conférences invitées. Son leadership s’est également exprimé à travers l’organisation d’événements scientifiques majeurs et son engagement dans la formation est exemplaire.
Le jury des Grands Prix de la SFP est heureux de décerner le prix Jean Ricard à Guillaume Cassabois pour l’ensemble de ses travaux remarquables à la croisée de la physique fondamentale et des technologies photoniques et quantiques.
Précédent·es lauréat·es :
Membres du Jury :
- Valérie Blanchet, Centre Lasers Intenses et Applications, CNRS – CEA – Université de Bordeaux
- François-Marie Bréon, Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, CEA – CNRS – Université Paris-Saclay, Professeur au Collège de France
- Marie-Emmanuelle Couprie, Synchrotron SOLEIL, CEA – CNRS – Université Paris-Saclay, lauréate du Prix Charpak-Ritz 2021
- Elisabeth Giacobino, Présidente de la SFP, ENS Paris, Laboratoire Kastler-Brossel, lauréate du prix Félix Robin 2010
- Xavier Marie, INSA-Toulouse, Laboratoire Physique et Chimie des Nano-Objets, lauréat du prix Jean Ricard 2019
- Philippe Rosnet, Université Clermont – Auvergne, Equipe Particules et Univers, Vice-président de la Division SFP « Champs et Particules »
- Bart Van Tiggelen, Laboratoire Physique et Modélisation des Milieux condensés, Université Grenoble-Alpes, lauréat du prix Langevin 2004
- Daniel Rouan, Vice-président de la SFP, Laboratoire d’Etudes Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique de l’Observatoire de Paris, membre de l’Académie des Sciences
- Henri Mariette, Secrétaire aux Prix pour la SFP, Institut Néel, CNRS, Université Grenoble-Alpes