Evolution de la place des femmes en physique
Malgré une attention croissante portée à l’égalité femmes-hommes dans la recherche, la physique reste une discipline où les femmes sont encore sous-représentées à tous les niveaux de la carrière scientifique. Une étude menée par la commission Femmes & Physique de la SFP (par Nathalie Lidgi-Guigui), à partir de données issues du MESR, du CNRS et d’organismes de recherche, dresse un état des lieux éclairant de la situation en France.
Une progression lente dans les universités
Dans l’enseignement supérieur, les femmes représentent environ 40 % des enseignantes-chercheuses toutes disciplines confondues, mais leur part chute à moins de 30 % dans les disciplines scientifiques et techniques. En physique, leur présence est encore plus réduite. Bien que le nombre de candidatures féminines progresse légèrement, leur taux de succès reste souvent inférieur à celui de leurs homologues masculins, notamment aux concours de recrutement de maîtres de conférences et de professeurs.

Le CNRS : des chiffres contrastés
Au sein des principaux instituts du CNRS liés à la physique (IN2P3, INP, INSIS, INSU), les femmes sont minoritaires parmi les chercheur·es titulaires. En 2023, les effectifs féminins varient selon les instituts, oscillant entre 20 % et 25 %. La répartition entre chargées de recherche et directrices de recherche révèle un plafond de verre persistant : les femmes sont significativement moins nombreuses à accéder aux grades les plus élevés.



Concours : une sélection encore défavorable
Les données des concours CR2/CRN (chargé·e de recherche) et DR2 (directeur·ice de recherche) montrent que la proportion de candidates est systématiquement inférieure à celle des candidats, et leur taux de réussite l’est aussi, malgré quelques améliorations récentes. L’indice d’avantage masculin (IAM) permet d’objectiver ces écarts : dans de nombreuses sections, les hommes restent nettement avantagés, même en l’absence de biais explicite.

Une dynamique fragile
Si des efforts sont visibles, notamment via une meilleure prise en compte de la diversité dans les comités de sélection, les données montrent qu’aucune avancée significative ne peut être tenue pour acquise. Les sections où aucune femme n’est lauréate lors de certains concours restent nombreuses.
Conclusion
La féminisation de la recherche en physique progresse, mais trop lentement. Une action résolue reste nécessaire, non seulement pour garantir l’équité dans les recrutements, mais aussi pour encourager les vocations, lutter contre les biais structurels et valoriser les parcours féminins dans toutes les dimensions de la recherche.